mardi 30 janvier 2018

L'homme à l'oreille cassée

L'homme à l'oreille cassée d’Edmond About


          
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Format pdf :170 pages

Quelques mots sur l’auteur 
Edmond About est né en 1828 à Dieuze, en Lorraine, et est mort 1885. Connu comme écrivain et journaliste polémiste, il manie la satire dans ses nouvelles ; et ses romans évoquent des situations imaginaires. Cet imaginaire est souvent inspiré par les progrès de la science. Mais même si son œuvre ne l'a abordée que d'une manière épisodique, c’est-à-dire seulement dans trois romans (« Le cas de M. Guérin », « L'homme à l'oreille cassée » et « Le nez d'un notaire »), Edmond About fait partie des précurseurs de la science-fiction, que l’on appelait alors le merveilleux scientifique.
Élu à l'Académie Française en 1884, il meurt avant d'avoir pu prononcer son discours de réception.

L’homme à l’oreille cassée

En 1813, au cours de la campagne de Russie, le colonel Fougas, alors âgé de 24 ans, est fait prisonnier par les allemands. Et tandis qu’il attend d’être exécuter il se retrouve en hypothermie et devient bien malgré lui le cobaye d’un scientifique allemand, Jean Meiser. Ce dernier décide pour le maintenir en vie de l’endormir pour une durée indéterminée ; et cela grâce une méthode de dessiccation de son invention.
Quarante-six ans plus tard, le jeune Léon Renaut, après avoir fait fortune dans les mines de Russie, revient en France apportant dans ses bagages le cercueil contenant le corps momifié du colonel Fougas ainsi que le mode d’emploi pour le ramener à la vie.
À la demande de sa fiancée Clémentine Sambucco et après avoir analysé un morceau d'oreille de la momie, Léon Renault accepte. Et avec l’aide de quelques savants, il réussit à ramener le colonel Fougas à la vie.
Mais aussitôt après avoir sorti le militaire de sa léthargie, Léon Renault le regrette amèrement. Car une fois présentée sa fiancée au colonel Fougas Léon Renault devient le « rival du colonel au bois dormant».   


Pour expliquer la genèse du livre L'homme à l'oreille cassée il faut savoir qu’Edmond About avait pris connaissance des recherches du professeur Charles Robin, éminent physiologiste de l'époque, qui avait découvert que les rotifères, des crustacés aquatiques minuscules de la classe des invertébrés microscopiques, pouvaient être asséchées et survivre longuement dans un état léthargique avant d’être ensuite ramenées à la vie.
Edmond About interrogea le professeur pour savoir si une telle expérience était réalisable sur l'homme. Le professeur Robin lui assura que cela était possible et que seuls les moyens techniques de l’époque s'y opposait. Ainsi de cette discussion et de l’imaginaire de l’auteur prit vie L'homme à l'oreille cassée.
L'homme à l'oreille cassée est le colonel Fougas, un ancien soldat de Napoléon 1er, et donc fervent Bonapartiste, qui se retrouve à son réveil confronté à un monde qui a évolué et dans lequel il se retrouve étranger. En effet il est bien difficile pour lui de trouver sa place dans cette époque du Second Empire où règne désormais Napoléon III .  Le militaire se révèle tantôt plaisant, tantôt irritant, parfois dangereux pour son entourage. Il doit faire face à des situations embarrassantes dues à son côté « décalé », mais il n’a cependant rien perdu de sa fougue et de son appétit de vivre.
Et si cette histoire est certes imaginaire, une sorte de farce, ou l’humour est présent tout au long du récit, elle donne aussi sérieusement à réfléchir sur les conséquences inter générationnelles et psychologiques qu’auraient le fait de pouvoir entrer dans une sorte d’hibernation pour se révéler x années plus tard.
En lisant ce roman on peut aussi évoquer la cryogénisation, ce procédé de conservation à très basse température d'êtres vivants, dans l'espoir de pouvoir les ressusciter ultérieurement et qui a cours aux Etats-Unis sur des êtres humains. Et l’on ne peut que saluer le génie d’anticipation d'Edmond About qui avait prévu cette situation un siècle auparavant. Et de penser au film Hibernatus ou au roman de René Barjavel La nuit des temps.


Et vous faites-moi savoir si vous l’avez-lu et, si ce n’est pas le cas, si vous pensez l’ajouter à votre PAL.


jeudi 25 janvier 2018

Le parfum

Le Parfum de Patrick Süskind 

               

Roman fantastique (publié pour la première fois en 1985)                  
            Éditeur : Le Livre de Poche
           279 pages

Quelques mots sur l’auteur 
Patrick Süskind est un écrivain et scénariste allemand, auteur de romans, de nouvelles et d’une pièce de théâtre La contrebasse. Il est né le 26 mars 1949 en Bavière près de Munich.
Le Parfum est son premier roman. Il est édité en 1985 à Zurich, puis publié en France en 1986. Il vaut à son auteur un succès mondial. Il a été adapté au cinéma en 2006  par Tom Tykwer  sous le titre : Le Parfum, histoire d'un meurtrier.

Le Parfum

L'histoire débute à Paris le 17 juillet 1738. La mère de Jean-Baptiste Grenouille, poissonnière de son état, donne naissance à Jean-Baptiste Grenouille, en plein cœur d’un marché, au milieu des immondices qui jonchent le sol, et l’abandonne aussitôt le laissant à son triste sort ; comme elle le fit avec les nouveaux nés de ses précédents accouchements. Mais l’enfant survit et par ses cris attire l’attention des passants. Sa mère est alors arrêtée, condamnée, puis guillotinée pour infanticide.
Cependant Jean-Baptiste Grenouille est un nourrisson étrange qui met mal à l’aise ceux qui le côtoient. Son absence d’odeur incommode. Sa façon de regarder les êtres « avec son nez », comme pour percevoir à travers eux, dérange. Et de ce fait il sera successivement recueilli par une nourrice puis par un moine, pour finir par se retrouver au milieu d’enfants dont il devient le souffre-douleur et qui vont même jusqu’à tenter de l’étouffer.
Malgré cela Jean-Baptiste Grenouille s’accroche à la vie, comme « la tique » à laquelle l’auteur le compare. « …toute laide, qui donne à son corps couleur de plomb la forme d’une boule, afin d’exposer le moins de surface possible au monde extérieur ; qui rend sa peau dure et sans faille, pour ne rien laisser filtrer…...butée, bornée et répugnante, reste embusquée, et vit, et attend. »
 De plus Jean-Baptiste Grenouille est un être dépourvu d’émotion et affranchi de tout distinction entre le bien et le mal. Mais ce qui fait davantage de lui un être à part est le fait qu’il est doté d’un odorat prodigieux ; un odorat qui lui permet de reconnaître les odeurs les plus infimes, les plus intimes, des êtres et des choses et ce jusqu’à pouvoir ensuite différencier tous les arômes qui les composent, et de les mémoriser pour les répertorier dans la grande bibliothèque des odeurs qui trône dans son cosmos intérieur. Avec la possibilité de les combiner ensuite entre elles pour donner vie à d’autres senteurs.
Enfant, il devient apprenti chez un tanneur. Ses pérégrinations dans les rues de Paris lui font découvrir toutes les senteurs, toutes les odeurs, de la ville. Alors qu’il est adolescent, et pour la première fois de sa vie, il est submergé d’émotion en présence de l’odeur naturelle émanant du corps d’une jeune fille. Une odeur qu’il lui faut posséder à tout prix. Et pour se l’approprier il n’hésite pas à tuer la jeune fille. Mais le parfum qui exhale de la victime n’est que de courte durée, c’est pourquoi il lui faut « connaître le secret pour pouvoir conserver les odeurs ». Pour cela il sera un temps l’apprenti d’un maître parfumeur. Cependant il lui faut en savoir davantage sur d’autres techniques et il prend alors la route en direction du sud de la France. Mais ce parcours initiatique devient un parcours criminel pour assouvir une quête : parvenir à créer le parfum absolu ; et qu’il élabore à partir de l’odeur corporelle qui émane de ses victimes, de jeunes adolescentes âgées d’une quinzaine d’années. Car « qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes. »



« Au XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas de génies abominables. C’est son histoire qu’il s’agit de raconter ici. Il s’appelait Jean-Baptiste Grenouille…»
D’emblée le ton est donné, Patrick Süskind propose de nous conter, dans Le Parfum, l’histoire d’un personnage exceptionnel ; mais abominable. 
Personnage abominable, car si au départ Jean-Baptiste Grenouille est devenu meurtrier par accident, il poursuivra sur sa lancée pour devenir un sordide et terrifiant criminel. Un tueur en série, qui commet ses meurtres de sang-froid.
Personnage génial car Jean-Baptiste Grenouille est doté d’un odorat prodigieux qui lui permet de créer des senteurs, des odeurs, des parfums.
Ainsi dans Le Parfum, l’auteur nous donne à voir une autre façon d'appréhender le monde, une façon qui n’est que très rarement exploitée dans la littérature : par l'olfaction. En effet, Patrick Süskind nous plonge avec ce roman dans un univers de fragrances inaccessibles au nez du commun des mortels, faisant des odeurs et des parfums les thèmes centraux de cette histoire. Car il nous donne à découvrir des paysages, des lieux, des objets, des animaux, et des individus, de façon olfactive ; et ce dans la France du XVIIIème siècle, une France prérévolutionnaire. Le Paris d’alors y est retranscrit avec réalisme avec ses effluves de "puanteur" et sa misère. Les monts du Massif Central exempt de civilisations nous portent vers des odeurs naturelles, et le Sud de la France embaume de senteurs florales. Les odeurs intimes des personnages sont également décrites de façon précise, et le manque d’hygiène de l’époque ne les rend que plus déplaisantes.
Patrick Süskind a également effectué un travail de recherche pour nous livrer les procédés, divers et variés, employés dans le monde de la parfumerie pour donner vie aux parfums que nous portons.
Tout cela concoure à faire de Jean-Baptiste Grenouille un être à la fois fascinant, glaçant, et malsain, et de ce thriller mâtiné de fantastique un roman remarquable, au style terriblement efficace, qu’il faut absolument avoir lu.

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mercredi 17 janvier 2018

Le nez

Le nez de Nicolas Gogol 

    Nouvelle fantastique (publié pour la première fois en 1836)
             

                      Ebook , 26 pages
         
Quelques mots sur l’auteur 
Nicolas Vassiliévitch Gogol  est né le 1er  avril 1809, à Sorotchintsy, en Ukraine, et est mort le 4 mars 1852 à Moscou.
Romanciernouvellistedramaturgepoète et critique littéraire, il est considéré comme l'un des écrivains classiques de la littérature russe.

Le nez

L’histoire débute chez un barbier de Saint-Pétersbourg, Ivan Iakovlievitch, qui au cours de son petit déjeuner découvre un nez dans le pain qu’il s’apprête à consommer. Buveur invétéré et incapable de savoir ce qu’il a fait la veille au soir, Ivan Iakovlievitch reconnait néanmoins en ce nez le nez d’un de ses clients, celui de Platon Kouzmitch Kovaliov. Son épouse, une femme acariâtre, lui intime l’ordre de s’en débarrasser. Mais cela n’est pas si facile.
Dans le deuxième chapitre, Platon Kouzmitch Kovaliov, assesseur de collège de son état, se réveille et constate avec stupeur la disparition de son appendice nasale. Il entreprend des démarches pour le retrouver, et lorsqu’il finit par le croiser dans une rue de la ville son nez semble désormais vivre sa propre vie sous l’accoutrement d’un conseiller d’État.
Je ne vous dirais rien de la suite au risque de vous raconter la fin. Sachez cependant, pour indice, qu’en russe nez se dit Hoc et que trouver l’anagramme de ce mot vous donnera le fin mot de l’histoire. À condition de savoir parler russe bien sûr !

Le nez est une nouvelle fantastique qui se décompose en trois parties ; chacune constituée d’un chapitre. Son écriture débute en 1832 et s’achève en 1835. D'abord refusée, car considérée comme « sale et triviale » par L'Observateur moscovite, cette nouvelle finit par être publiée en octobre 1836 par la revue littéraire Le Contemporain. Elle sera par la suite publiée en 1843 dans les Œuvres complètes de Gogol, parmi les nouvelles du recueil intitulé Les nouvelles de Pétersbourg.
Le nez est une nouvelle farfelue, loufoque, absurde, faite de rebondissements, bref le nez est une nouvelle complètement déjantée, voire kafkaïenne, qui se classe parmi les chefs d’œuvres du réalisme fantastique.
Le nez est aussi une satire burlesque ou chaque corporation en prend pour son grade car dépeinte de façon caricaturale. Mais son auteur s’attaque surtout de façon irrévérencieuse aux fonctionnaires jugés arrivistes, corrompus, et dont l’activité exacte laisse à désirer. Cela est dotant plus cocasse lorsque l’on sait que Nicolas Gogol, dans sa jeunesse, était « monté » à Saint-Pétersbourg avec l'ambition de faire une grande carrière dans l'administration. Il n’obtiendra qu’un modeste emploi dans un ministère qu’il quittera ensuite pour faire ses premiers pas littéraires. Ces derniers sont difficiles et il est conduit à s'engager à nouveau dans l'administration pour un salaire de misère, avant que ses écrits finissent par connaître le succès.

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dimanche 14 janvier 2018

Une invasion sans précédent

Une invasion sans précédent de Jack London




Nouvelle de science-fiction /anticipation (publié pour la première fois en 1910)                  
 Format Kindle
 Nombre de pages de l'édition imprimée : 24 pages        

 Quelques mots sur l’auteur
Jack London (né John Griffith Chaney, London était le nom de son beau-père) est un écrivain américain. Il est né le 12 janvier 1876  à San Francisco et est mort le 22 novembre 1916 à Glen Ellen, en Californie. Il est l’auteur de romans dont les sujets de prédilection sont l'aventure et la nature sauvage. Les plus connus sont Croc Blanc, ou L’appel de la forêt qui se déroulent dans Le Grand Nord. Il fut aussi marin et aventurier et tira également sa source d’inspiration de ses lectures et de sa propre vie de misère pour donner des nouvelles, des récits autobiographiques tels que Martin Eden ou John Barleycorn ainsi que de nombreux récits politiques très engagés, mettant en avant son orientation politique socialiste.


Une invasion sans précédent

Les nations occidentales avaient tenté de ranimer la Chine mais en vain. Faits d’une étoffe entièrement différente, l’Occident et la Chine étaient l’un à l’autre étrangers.
« Puis il y eut le Japon, et sa victoire sur les Russes en 1904. Un Japon qui s’était montré ouvert à tout ce que l’Occident avait à offrir et qui commença aussitôt le rêve colossal d’un empire pour lui-même. Il tourna alors ses regards vers la Chine. Il y avait là un vaste territoire, et dans ce vaste territoire reposaient les plus grands gisements mondiaux de fer et de charbon et une main-d’œuvre de 400 millions….d’âmes d’excellents travailleurs… »
De plus les japonais apparentés aux chinois « par la race pensaient avec les mêmes idéogrammes que les chinois, et selon les mêmes schémas. »
Et la Chine s’éveilla enfin. Le Japon réussit là où l’Occident avait échoué.
« Mais en s’éveillant, la Chine entra dans l’ère du machinisme, et ses capacités de production augmentèrent de façon phénoménale. Le taux de natalité commença immédiatement à monter, tandis que chutait le taux de mortalité et la chine de se libérer alors de sa tutelle japonaise… Et soudain, le monde découvrit que la Chine comptait 500 millions d’habitants. Depuis son réveil, elle s’était accrue de 100 millions d’hommes...La population chinoise devait se monter à 700 ou 800 millions d’âmes ; c’est qu’elle allait bientôt atteindre le milliard. »
Le monde occidental était désormais désemparé face à la menace, face à une Chine rajeunie, féconde, combattive qui « avait assez de place dans son énorme gueule pour tous les terriens qu’on pouvait lancer contre elle. » Mais il y avait pourtant un savant, un savant que la Chine avait négligé…



Jack London célèbre aux yeux du grand public pour ses récits du Grand Nord, nous donne à voir, dans une invasion sans précédent, une nouvelle d’anticipation politique parue en juillet 1910 dans le McClure Magazine, un aspect inattendu de son œuvre. En effet une invasion sans précédent est une nouvelle surprenante car au récit politiquement incorrect. Une œuvre peu connue de Jack London. Ceci expliquant sans doute cela. Dans cette nouvelle l’auteur nous montre un monde dans lequel les chinois, devenus alors trop nombreux, finiraient par nous envahir et dont la seule solution trouvée pour se débarrasser de ce « péril jaune » serait d’utiliser des armes bactériologiques pour aboutir à un véritable génocide. Et pour la première fois de voir traiter de cette manière, dans un récit d'anticipation, la guerre bactériologique.
Cette histoire courte, imaginaire, sombre, anxiogène, donne à réfléchir car elle se révèle par certains aspects visionnaire.



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jeudi 11 janvier 2018

Le maître de la lumière

Le maître de la lumière de Maurice Renard
       
             


Roman de science-fiction (publié pour la première fois en 1947)
         Éditeur : Publié le 7 juin 2013 par Bibebook
          Format Kindle, 294 pages.      
         
Quelques mots sur l’auteur 
Maurice Renard est un écrivain français. Il est né le 28 février 1875 à Châlons-sur-Marne et est mort le 18 novembre 1939 à Rochefort-sur-Mer. Il est connu pour ses récits fantastiques, et il sévissait aussi bien dans le roman que la nouvelle ou le feuilleton. Considéré par certains comme le meilleur auteur d'anticipation scientifique des années 1900/1930, son merveilleux scientifique préfigure notre actuelle science-fiction.
Mais Maurice Renard est également l'auteur de trois romans policiers dont Le maître de la lumière, qui est le tout dernier roman de l’auteur, et dans lequel le merveilleux scientifique y est toujours présent.

Le maître de la lumière

 Ce roman nous plonge, au départ, dans une histoire d’amour contrariée ; celle de Rita Ortofieri et de Charles Christiani. Leur idylle étant sans avenir possible : « Un Christiani et une Ortofieri ne pouvant s’aimer. » En effet l’inimitié ancestrale qui régnait entre les deux familles corses s’était conclue, presque cent ans plus tôt, par l’assassinat du quadrisaïeul de Charles Christiani par un ancêtre de Rita Ortofieri. Mais l’histoire tourne vite à l’intrigue policière. Car l’auteur, nous met bientôt en présence d’un matériau inconnu, la luminite : une sorte de verre optique doté d’une étrange capacité et qui pourrait bien permettre de remettre en cause l’identité de l’assassin du quadrisaïeul de Charles Christiani. En effet « …la luminite est une chose qui produit le résultat suivant : la lumière cheminant dans cette matière à une vitesse extrêmement freinée, on voit, de part et d’autre des plaques de luminite, ce qui se trouvait là jadis. Et plus la plaque est épaisse, plus le passé qu’elle montre est lointain, sur une face comme sur une autre. »
On pourrait dire, et cela de façon littérale, que grâce à ce matériau une fenêtre s’ouvre sur le passé.
Une découverte qui pousse ainsi l’amoureux, Charles Christiani, jeune historien, à mener une contre-enquête pour innocenter l’aïeul de celle qu’il aime.

Maurice Renard introduit un fait historique dans Le maître de la lumière : la tentative d’assassinat de Louis-Philippe par Fieschi en 1835, le même jour que le jour du crime.
Louis-Philippe fut l’objet de multiples tentatives d’assassinat durant tout son règne mais celle-ci fut l’une des plus spectaculaires. Elle se réfère à la fameuse « machine infernale » constituée de vingt-cinq canons de fusils juxtaposés et placée sur l'appui de la fenêtre d'une maison et qui fit de nombreuses victimes. L’attentat est relaté avec force détails par l’auteur qui s’appuie pour cela sur le tableau du peintre Lami, qui peignit la scène une dizaine d’années après l’évènement.
L’histoire rencontrant l’Histoire, mais sans doute plus qu’on ne pourrait le penser, car l’origine corse des protagonistes fera que finalement ce sera l’Histoire qui rencontrera l’histoire pour aboutir à un dénouement digne d’un roman d’Agatha Christie.
On peut déplorer quelques longueurs, mais l’explication pourrait être due au fait qu’à l’origine cette histoire fut publiée en feuilleton dans l’Intransigeant, en 1933, et qu’elle ne sortit sous forme de roman qu’à titre posthume, soit en 1947 ; l’auteur étant décédé en 1939.
Maurice Renard repose à l'île d'Oléron, au cimetière de Dolus-d'Oléron, où il séjournait régulièrement. Une plaque y est apposée. Notez que c’est également sur l’île d’Oléron que se noue l’intrigue amoureuse du roman.
     
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dimanche 7 janvier 2018

Un chant de Noël


Certes nous sommes déjà au début du mois de janvier, mais pourquoi ne pas rester encore un peu dans la magie de Noël. Je vous propose donc comme première chronique :

Un chant de Noël de Charles Dickens




   Conte fantastique  (publié pour la première fois en 1843)                  
               Éditeur : Librio      
                122 pages

Quelques mots sur l’auteur 
Charles John Huffam Dickens est né près de Portsmouth, dans le comté de Hampshire, situé dans le sud de l'Angleterre, le 7 février 1812 et est mort à Higham, dans le comté du Kent, situé au sud-est de Londres, le 9 juin 1870.
Il est considéré comme le plus grand romancier de l'époque victorienne. Ses œuvres les plus connues sont David Copperfield, Oliver Twist, Les Grandes Espérances, et Un chant de Noël. Il connut le succès dès le début de ses publications et sa célébrité ne fit que croître au fil de ses écrits.   

Un chant de Noël

L'histoire se déroule au XIXème siècle. Elle débute une veille de Noël, froide et brumeuse, dans la ville de Londres, avec un triste personnage : Ebenezer Scrooge. Monsieur Scrooge est un vieil usurier, avare et grincheux, qui ne connaît ni la bonté, ni la bienveillance; indifférent à autrui au point de passer pour un véritable misanthrope. Il sous paye son commis Bob Cratchit. Il déteste Noël qu'il qualifie de « sottise », et refuse pour cela de passer le réveillon en compagnie de son neveu Fred et de la famille de ce dernier.
Mais le soir même le vieil homme reçoit la visite du spectre de son ancien associé, Jacob Marley, mort sept ans plus tôt. Ce dernier a un message à lui transmettre : Scrooge se doit de modifier sa façon d’être, sinon à sa mort il vivra comme Marley, l’enfer de l’éternité. Et le spectre de lui annoncer qu’il va être hanté par trois esprits chargés de lui montrer comment changer de voie. Le premier esprit est celui des Noëls passés, le deuxième celui des Noëls présents et le troisième celui des Noëls à venir. Ils tenteront à eux trois d’ouvrir les yeux et le cœur d’Ebenezer Scrooge.

Un chant de Noël (titre original : A Christmas Carol), est également publié sous les titres Cantique de NoëlChanson de Noël ou Conte de Noël,
Il est le premier et le plus célèbre des contes de Charles Dickens. Il est composé de cinq chapitres que l’auteur nomme « couplets », en référence au titre du livre, et qui furent écrits en six semaines. Dès sa parution en décembre1843 il rencontra le succès populaire. Il eut également les faveurs de la critique pour son contenu, mais son contenant fit l’objet de discussions. En effet l’aspect luxueux du livre ne permettait pas aux pauvres de se le procurer alors que, paradoxalement, l’histoire met en avant leur dignité. 
Car comme souvent dans son œuvre, Charles Dickens a d'abord voulu attirer l'attention sur des sujets qui lui tiennent à cœur, à savoir la misère (dont sa famille fut victime durant sa jeunesse) et les problèmes sociaux. Il nous présente ici des images fortes pour illustrer son propos.
Mais dans son récit point de révolte physique, car les petites gens qui traversent l’histoire sont des exemples en soi mais des anti-héros. Ils triomphent de l’adversité et des difficultés financières de leur vie grâce à leur âme vertueuse et à l’amour qu’ils prodiguent à leurs proches et à leurs prochains. Cependant certains de ces personnages semblent quelque peu idéalisés par l’auteur pour contraster de façon flagrante avec les individus de classes plus aisées qui sont représentés comme avares et faisant état de peu d’empathie envers leurs congénères dans le besoin. Une vision de la société qui peut sembler quelque peu manichéenne mais une vision qui a ici valeur de message : une société où le gain est mis en avant au détriment de l’humain ne serait être pérenne.
Et si le personnage de Scrooge est décrit au départ comme glacial, tant au sens propre qu’au figuré, on peut se surprendre au fil du récit à éprouver un peu de compassion à son égard ; ses démons intérieurs expliquant en partie ses sentiments envers le genre humain.
À cela s’ajoute la mise en avant de la dimension religieuse de la fête de Noël qui tend à nous faire prendre conscience que Noël plus que nulle autre fête devrait être propice à révéler la bonté de chacun.

Promu au rang de « classique de la littérature de Noël des temps modernes » Un chant de Noël est donc un conte fantastique qu’il faut avoir lu. Un livre-culte dans le monde anglo-saxon qui fait de Scrooge le personnage de Dickens le plus connu, et  qui conduisit ce conte à faire l’objet de nombreuses adaptations aussi bien au théâtre qu’au cinéma. Il fut également l’objet d’hommages de la part de chanteurs, de compositeurs, et de scénaristes. Et Scrooge inspira le dessinateur américain Carl Barks pour donner vie à Picsou, le héro des bandes dessinées de Disney, qui dans la version anglo-saxonne a gardé le nom de Scrooge.

Et vous faites-moi savoir si vous l’avez lu et, si ce n’est pas le cas, si vous pensez l’ajouter à votre PAL.