Le Parfum de Patrick Süskind
Éditeur : Le Livre de Poche
279 pages
Quelques mots sur l’auteur
Patrick Süskind est un écrivain et scénariste
allemand, auteur de romans, de nouvelles et d’une pièce de théâtre La contrebasse. Il
est né le 26 mars 1949 en Bavière près de Munich.
Le Parfum est son premier roman. Il est édité
en 1985 à Zurich, puis publié en France en 1986. Il vaut à son auteur un succès
mondial. Il a été adapté au cinéma en 2006 par Tom Tykwer sous le titre : Le Parfum, histoire d'un meurtrier.
Le Parfum
L'histoire débute à Paris le 17
juillet 1738. La mère de Jean-Baptiste
Grenouille, poissonnière de son état, donne naissance à Jean-Baptiste
Grenouille, en plein cœur d’un marché, au milieu des immondices qui jonchent le
sol, et l’abandonne aussitôt le laissant à son triste sort ; comme elle le
fit avec les nouveaux nés de ses précédents accouchements. Mais l’enfant survit
et par ses cris attire l’attention des passants. Sa mère est alors arrêtée, condamnée,
puis guillotinée pour infanticide.
Cependant Jean-Baptiste Grenouille est un nourrisson
étrange qui met mal à l’aise ceux qui le côtoient. Son absence d’odeur
incommode. Sa façon de regarder les êtres « avec son nez »,
comme pour percevoir à travers eux, dérange. Et de ce fait il sera
successivement recueilli par une nourrice puis par un moine, pour finir par se
retrouver au milieu d’enfants dont il devient le souffre-douleur et qui vont
même jusqu’à tenter de l’étouffer.
Malgré cela Jean-Baptiste Grenouille s’accroche à la
vie, comme « la tique » à laquelle l’auteur le compare. « …toute laide, qui donne à son corps couleur
de plomb la forme d’une boule, afin d’exposer le moins de surface possible au
monde extérieur ; qui rend sa peau dure et sans faille, pour ne rien
laisser filtrer…...butée, bornée et répugnante, reste embusquée, et vit, et
attend. »
De plus
Jean-Baptiste Grenouille est un être dépourvu d’émotion et affranchi de tout
distinction entre le bien et le mal. Mais ce qui fait davantage de lui un être
à part est le fait qu’il est doté d’un odorat prodigieux ; un odorat qui
lui permet de reconnaître les odeurs les plus infimes, les plus intimes, des
êtres et des choses et ce jusqu’à pouvoir ensuite différencier tous les arômes
qui les composent, et de les mémoriser pour les répertorier dans la grande
bibliothèque des odeurs qui trône dans son cosmos intérieur. Avec la possibilité
de les combiner ensuite entre elles pour donner vie à d’autres senteurs.
Enfant, il devient apprenti chez un tanneur. Ses
pérégrinations dans les rues de Paris lui font découvrir toutes les senteurs,
toutes les odeurs, de la ville. Alors qu’il est adolescent, et pour la première
fois de sa vie, il est submergé d’émotion en présence de l’odeur naturelle émanant
du corps d’une jeune fille. Une odeur qu’il lui faut posséder à tout prix. Et
pour se l’approprier il n’hésite pas à tuer la jeune fille. Mais le parfum qui
exhale de la victime n’est que de courte durée, c’est pourquoi il lui faut
« connaître le secret pour pouvoir conserver les odeurs ». Pour cela
il sera un temps l’apprenti d’un maître parfumeur. Cependant il lui faut en
savoir davantage sur d’autres techniques et il prend alors la route en
direction du sud de la France. Mais ce parcours initiatique devient un parcours
criminel pour assouvir une quête : parvenir à créer le parfum
absolu ; et qu’il élabore à partir de l’odeur corporelle qui émane de
ses victimes, de jeunes adolescentes âgées d’une quinzaine d’années. Car
« qui maîtrisait les odeurs, maîtrisait le cœur des hommes. »
« Au
XVIIIème siècle vécut en France un homme qui compta parmi les personnages les
plus géniaux et les plus abominables de cette époque qui pourtant ne manqua pas
de génies abominables. C’est son histoire qu’il s’agit de raconter ici. Il
s’appelait Jean-Baptiste Grenouille…»
D’emblée le ton est donné, Patrick
Süskind propose de nous conter, dans Le
Parfum, l’histoire d’un personnage
exceptionnel ; mais abominable.
Personnage abominable, car si au
départ Jean-Baptiste Grenouille est devenu meurtrier par
accident, il poursuivra sur sa lancée pour devenir un sordide et terrifiant
criminel. Un tueur en série, qui commet ses meurtres de sang-froid.
Personnage génial car Jean-Baptiste Grenouille est
doté d’un odorat prodigieux qui lui permet de créer des senteurs, des odeurs,
des parfums.
Ainsi dans Le Parfum, l’auteur nous donne à voir une
autre façon d'appréhender le monde, une façon qui n’est que très rarement
exploitée dans la littérature : par l'olfaction. En effet, Patrick Süskind nous plonge avec ce roman dans un univers de
fragrances inaccessibles au nez du commun des mortels, faisant des odeurs et des parfums les thèmes centraux de cette histoire. Car
il nous donne à découvrir des paysages, des lieux, des objets, des animaux, et
des individus, de façon olfactive ; et ce dans la France du XVIIIème
siècle, une France prérévolutionnaire. Le Paris d’alors y est retranscrit avec
réalisme avec ses effluves de "puanteur" et sa misère. Les monts du Massif
Central exempt de civilisations nous portent vers des odeurs naturelles, et le
Sud de la France embaume de senteurs florales. Les odeurs intimes des personnages
sont également décrites de façon précise, et le manque d’hygiène de l’époque ne
les rend que plus déplaisantes.
Patrick Süskind a également effectué un travail de recherche pour nous livrer
les procédés, divers et variés, employés dans le monde de la parfumerie pour
donner vie aux parfums que nous portons.
Tout cela concoure à faire de Jean-Baptiste
Grenouille un être à la fois fascinant, glaçant, et malsain, et de ce
thriller mâtiné de fantastique un roman remarquable, au style terriblement
efficace, qu’il faut absolument avoir lu.
Et vous faites-moi savoir si vous l’avez-lu et, si ce n’est pas
le cas, si vous pensez l’ajouter à votre PAL.
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